essais en juin 2021 par Volocopter
Les taxis volants arriveront à nos portes d’ici 2030 et pourraient nous permettre de réaliser rapidement le trajet depuis un aéroport parisien vers le centre de Paris. L’Île-de-France deviendra-t-elle alors « l’un des plus gros marchés » de la mobilité aérienne urbaine en Europe ? C’est ce qu’espèrent Choose Paris Région (l’agence chargée de la promotion et de l’attractivité internationale de la région Île-de-France), le groupe Aéroports de Paris et la RATP. 30 acteurs ont récemment été sélectionnés à l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt, aussi bien des startups que des grands noms français et internationaux de l’industrie aéronautique.
Objectif de cette opération : participer activement au développement d’une filière française de la mobilité aérienne urbaine, promise à un bel avenir dans les années à venir. Les premiers essais de taxis volants, qui débuteront grandeur nature en juin 2021, seront réalisés à l’aérodrome de Pontoise par le constructeur allemand Volocopter.
Aéronefs électriques : un concentré d’innovations technologiques
Les taxis volants ou « aéronefs électriques » sont des « drones hélicoptères », avec la particularité d’être destinés au transport de particuliers. Ces appareils regroupent plusieurs innovations technologiques étroitement imbriquées. Les aéronefs hélicoptères fonctionnent à l’électricité et ont la particularité de réaliser un décollage et un atterrissage verticaux. Une innovation rendue possible grâce aux récents progrès réalisés en matière de stockage d’électricité (batteries Lithium-Ion), aux nouveaux designs multi-rotors avec 4, 8 ou 16 hélices (qui présentent l’avantage d’être plus sûrs et moins bruyants) et au perfectionnement du pilotage automatique.
Plusieurs français parmi les 30 candidats sélectionnés
L’appel à manifestation d’intérêt lancé à l’automne était porté par le groupe Aéroports de Paris (gestionnaire des aéroports parisiens), la RATP et Choose Paris Région. Il a permis de retenir une trentaine de lauréats – dont les noms ont été dévoilés le 18 janvier 2021 – à même de réponde aux différents besoins logistiques des taxis volants. Plusieurs grands groupes français ont été retenus et pourront ainsi contribuer à l’essor d’une filière française de la mobilité aérienne urbaine. Airbus et Sagran figurent notamment dans la liste des lauréats.
La consultation était articulée autour de 5 points essentiels, destinés à mettre en émulation des entreprises du monde entier et les amener à présenter les meilleurs projets possible.
- Le véhicule : constructeurs, équipementiers
Airbus et Safran Electronics & Défense figurent parmi les candidats retenus et devront composer avec le constructeur chinois Ehang et H3 Dynamics, créateur de système à hydrogène de Singapour.
- Les opérations : fournisseurs de soutions intermodales et / ou de maintenance, plateformes digitales de mise en relation
La maintenance des appareils a notamment été confiée à Dassault Falcon Services et Air France, parmi 6 candidats au total.
- L’infrastructure : énergéticiens, concepteurs de vertiports
C’est le Suisse Green Motion qui a été choisi pour réaliser les infrastructures destinées à l’accueil et à la recharge des taxis. Les entreprises françaises IDEMIA I&S et Leosphere ont également été retenues, respectivement pour assurer la sécurité numérique (biométrie, identification, authentification) et les prévisions météorologiques.
- L’intégration dans l’espace aérien : fournisseurs d’UTM (Unmanned Traffic Management) ou de systèmes de navigation / communication
Thales SIX sera sollicitée pour la qualité de ses systèmes anticollision.
- L’acceptabilité par les riverains : instituts d’étude, laboratoires de recherche
Les enjeux environnementaux et sociétaux du projet ont également été pris en compte. 6 candidats ont été retenus dans cette catégorie, dont Bruitparif (le centre d’évaluation technique de l’environnement sonore en Île-de-France) et l’École Polytechnique (pour son Mastère dédié à l’innovation technologique et aux nouveaux modèles économiques). Il s’agira pour eux de répondre à une question essentielle : ces taxis d’un nouveau genre sont-ils susceptibles de produire des nuisances ?
Début des essais par Volocopter
eVTOL VoloCity, le véhicule du constructeur allemand Volocopter, est entièrement électrique. Il représente techniquement la solution la plus aboutie à ce jour. Équipé de 18 moteurs et de neuf batteries, il peut faire embarquer deux personnes dont un pilote. Ce taxi vole à une vitesse de 110 km/h et atteint une altitude de 400 à 500 mètres. Son autonomie est de 35 km. Les essais qui se tiendront à compter du mois de juin sont particulièrement importants puisqu’ils constituent le premier pallier pour le développement d’une filière de la mobilité aérienne. Volocopter est le premier à pouvoir tester son véhicule à décollage vertical. Une offre commerciale de ce modèle devait pouvoir être proposée en 2030.
Pour les premiers essais, cap sur l’aérodrome de Pontoise
Le site retenu pour ces essais est l’aérodrome de Pontoise – Cormeilles-en-Vexin, situé dans le Val d’Oise. L’intérêt de ce site est de proposer déjà des pistes et des services d’aviation civile. La zone a été tout particulièrement étudiée par les autorités de l’aviation civile pour assurer la sécurité des vols et la cohabitation sereine avec l’autre partie du trafic aérien. L’objectif, à terme, est de mailler le territoire de la région parisienne pour ce nouveau réseau de taxis en implantant des « vertiports », lieux d’embarquement permettant aux taxis de décoller à la verticale.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 en ligne de mire
Avant cette échéance de 2030, les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 représentent l’opportunité de mobiliser les différents acteurs de la filière. Ils pourront en effet y réaliser des démonstrations. L’occasion de positionner encore un peu plus l’Île-de-France comme une référence mondiale sur le marché de la mobilité aérienne urbaine.
L’émergence d’un marché prometteur
Le marché européen des taxis volants est d’ores et déjà estimé à 8 milliards d’euros à l’horizon 2035 et représente de belles opportunités en termes d’emploi, d’industrie et d’attractivité de la région Île-de-France. Le coût de développement de ces aéronefs reste à ce jour très élevé. Reste donc à savoir si ce nouveau moyen de transport pourra trouver sa clientèle.